Historique de Semsales

SEMSALES, gros village, où le 6 mars 1830 un incendie à réduit en cendres 42 bâtiments, qui en majeure partie ont été reconstruits sur un meilleur plan et d’une manière plus solide, à deux lieues de Bulle, à égale distance de Châtel-St-Denis, et à 8 lieues au sud-ouest de Fribourg, sur la route de Vevey.

La collecte qui a été faite à la suite de ce sinistre, a produit en dons volontaires en argent 20,214 frs. non-compris les vivres, matériaux, etc. On trouve dans ce village une église (Saint-Nicolas) dont le chapitre de Fribourg a la collature (I), 1 presbytère, 57 maisons, 4 auberges, 2 forges, 1 détail de sel ; au clos Chambord, 1 maison ; au Préz-de-la-Cour, une ; outre Broye, 3 ; au Praz-Linliei, 2 ; à la Verrerie, une ; aux Platterons, 2 ; au Sauvage, une ; à Babolets, 2 ; aux Planches, une ; au Moyen, 3 ; au Vuargnoz, une ; à Authey, 2 ; a Villette, 2 moulins et une scierie ; à Montesban, 4 maisons ; au Fauvez, une ; aux Planches sèches, une ; au Paucon, 2 ; aux Jorettes, un, et 45 chalets.

Semsales est une ancienne seigneurie et un prieuré qui dépendait du couvent du Saint-bernard.La tradition porte qu’en 1271 ou 1292, ou plutôt dans le courant du 13 ème siècle, ce village a été englouti par une avalanche de terre, et qu’il n’a pas été rebâti à la même place. Une croix doit indiquer l’emplacement de l’ancienne église, et l’on montre encore aujourd’hui, le creux du sel, ou le bétail semble lécher, diton, avec avidité l’herbe qui croit à l’entour surtout pendant les temps secs.

On conclut de-là qu’il existait autrefois des salines dans cet endroit, et l’on ajoute que les archives de Chambéry doivent en fournir les preuves ; cependant, malgré de nombreuses démarches, nous n’avons jusqu’ici pas pu nous les procurer. Dans le protocole (manuel) du Conseil de Fribourg, l’on trouve que le 12 mai, 18 août, le 26 novembre et le 25 septembre 1733, on s’est occupé de chercher du sel à Semsales, et que déjà le 26 août et le 15 novembre 1680, une commission y a été envoyée au sujet des sources salés qui furent arrêtées, avec ordre de faire continuer les fouilles commencées, et de faire venir, à cet effet, un ouvrier d’Aigle (3 septembre 1681 et 17 février 1682), mais dès-lors il n’en est plus fait mention.

Il parait qu’il en était de ces fouilles comme de celles faites à Riggisberg, canton de Berne, en 1480, ou l’on découvrit enfin qu’un imposteur (Bösewicht) avait mis un morceau de sel dans un filet d’eau, afin d’escroquer de l’argent au gouvernement par cette méchante supercherie. Des mystifications pareilles et tout aussi coupables eurent lieu dans le canton de Fribourg.

L’an 1248, les abbés de Hautcrêt et Hauterive fixèrent les limites entre Semsales et Fruence.

D’après une sentence rendue au château de Chillon. En 1279, le bailli de la Vaud et le châtelain de Rue, furent condamnés à laisser parvenir au prieur, la dîme et le terrage dans toute l’étendue du village de Semsales, et de lui permettre de couper du bois à sa pleine volonté dans les joux (forêts) depuis Albeuve jusqu’à la limite de Vuadens.

Par acte du 23 août 1492, le prieur Guillaume de Montdragon permit aux habitants de Semsales de bâtir des fours, contre un entrage de 20 sous, et ensuite contre un cens de 3 sous par ménage.

Après le décès de Dom Robin, l’avoyer et conseil nommèrent Claude Patignier prieur de Semsales, à condition qu’il célébrerait personnellement le service divin ; qu’il aurait un vicaire ; qu’il maintiendrait la maison et les biens en bon état ; qu’il acquitterait à l’hôpital 200 livres ; et qu’il en donnerait autant au marguiller, en 1559.

Le chapitre de Saint-Bernard est maintenu dans la possession du prieuré, à condition qu’il contribue pour un tiers à l’entretien de la cure, 1560.

En 1577, le prieur prétendait, mais à tort, qu’il pouvait faire moudre son blé sans rétribution au moulin de Semsales, ainsi que faire scier son bois.

En 1579, le chapitre de Saint-Nicolas, nomma le prieur, et sa nomination fut confirmée par le gouvernement.

La seigneurie de Semsales, qui faisait partie du baillage de Rue, fut réunie en 1581 à celui de Châtel-St-Denis, et le péage en 1583.

En 1591, le 3 mars, on accorde 3 sacs de grains, 20 livres et de bois aux incendiés de Semsales. En 1593, le tarif de péage de ce village fut confirmé par des dépositions de témoins, dont ceux de Romont, Semsales, Châtel et Blonay étaient exempts en 1594.

L’église, d’après une inscription, a été bâtie en 1630.

L’an 1619, Henri Lamberger, chevalier de Fribourg donna à Françoise, sa fille naturelle, une maison et quelques pièces de terre à Semsales.

En 1665, le gouvernement décida, sur la prétention de l’hôpital, que la juridiction de la collature de Semsales exercée depuis 120 ans, lui appartenait ; que l’hôpital ait le doit de retirer les lods, et que les cens (Herrenzinse) étaient dus au prieur.

En 1680, la commune de Semsales obtint la permission de chercher, au moyen d’une baguette sympathique, dans un certain endroit du bailliage de Rue, la cloche de l’ancienne église, qui avait été égarée dans les guerres de Bourgogne.  

En 1764, il fur défendu à la commune de vendre plus de 4000 échalas par an, et on lui ordonna en même temps de se procurer une sage-femme, de veiller à la conservation des fondations, et de rendre régulièrement ses comptes.

L’an 1766, le péage de Semsales fut transporté à Châtel-Saint-denis.

En 1763 et 1774, il est question de l’établissement d’un pont sur le torrent de la Mortigue ou Mortaigue. Une difficulté qui divisait depuis longtemps les habitants de ce village, au sujet de la consorité de Nièremont et des Alpettes, a été terminée le 30 avril 1830, par arrangement.  

Textes tirés du dictionnaire géographique et historique du canton de Fribourg 1832.

(français d’époque)  J.-P. Fleury  –  Société de Développement de Semsales  

Collature = peinture, badigeon, filtrer, épurer …Entrage = taxe d’admissionCens = impôts Commune et village fribourgeois du district de la Veveyse, Sessales en 1157, Setsales en 1160, Septem Salis en 1177, Satsales en 1219, Sasales en 1260, Septsales en 1560, Sempsales en 1857, du latin septem, « sept », et germanique *sala, « demeure, résidence », plutôt que le latin salis, « sel ».